Saturday 4 June 2016

Un peu d'Histoire: Le rêve italien

François 1er, dès son avènement, a voulu reprendre la conquête de l'Italie, entamée par ses prédécesseurs Charles VIII et Louis XII, à commencer par le duché de Milan, qu'il revendique comme étant l'héritage de son arrière-grand-mère Valentine Visconti, épouse du malheureux Louis d'Orléans.

À défaut d'un projet politique cohérent, le nouveau roi a le soutien de la noblesse française, jeune et fougueuse, avide de combats et de gloire, avec des chefs aussi prestigieux que le connétable de Bourbon, La Trémoille, La Palice (qui donnera naissance, bien malgré lui, aux lapalissades) et bien sûr le chevalier Bayard.

Vingt mille Suisses, soldés par le duc de Milan Massimiliano Sforza et le pape Léon X, barrent aux Français l'accès de l'Italie. Ils tiennent les principaux cols alpins, à Suse et Pignerol. Ces milices paysannes sont la terreur des armées féodales. Elles ont coutume d'attaquer en masses compactes au son lugubre des trompes de berger.
François 1er et son armée de 60.000 hommes « passent les monts » au mois d'août 1515, par le difficile col de L'Argentière (ou Larche), au sud des Alpes. Enfin ils déboulent hardiment dans la plaine du Pô où personne ne les attendait si tôt.

À Villafranca, Bayard surprend en plein déjeuner Prosper Colonna, bras droit du duc, et le capture. Là-dessus, les Français établissent leur camp à Marignan, à quelques kilomètres au sud de Milan.

Les Vénitiens, alliés des Français, campent à proximité, à Lodi. Face à eux 35.000 mercenaires suisses à Milan et Monza.



Cruelle bataille
La garnison suisse de Milan entame le combat dans l'après-midi du 13 septembre. Dans un premier temps, un carré de 7.000 Suisses disperse la cavalerie et tente de s'emparer de l'artillerie française.

Voyant cela, François 1er les charge avec audace à la tête de 200 hommes. Épuisés, les combattants luttent jusqu'à la nuit tombée et ne cessent le combat que lorsque la pleine lune disparaît derrière les nuages. Ils s'endorment sur place.

Le lendemain, le combat reprend à l'avantage des Suisses. Mais l'arrivée inespérée des Vénitiens, appelés d'urgence par le roi de France, les prend à revers et les oblige à se réfugier à Milan. Elle transforme la bataille en un succès total. 14.000 Suisses restent sur le carreau. En une vingtaine d'heures, la bataille de Marignan fait un total d'au moins 16.000 morts (*). C'est encore plus qu'à Azincourt, un siècle plus tôt... Du jamais vu en Occident depuis la fin de l'Antiquité !

On peut voir dans la bataille de Marignan la préfiguration des hécatombes de l'ère moderne.

Triomphe de la monarchie


À la fin de la bataille, selon des chroniques qui apparaissent à partir de 1525, le jeune roi se serait fait adouber chevalier (*) par le glorieux seigneur Pierre Terrail de Bayard, selon un rituel tombé en désuétude mais qui plaît à ces jeunes gens pétris du souvenir romanesque de leurs aïeux des temps féodaux.

Des historiens contemporains voient dans ce récit une œuvre de propagande destinée à faire oublier que le roi avait été sacré à Reims en janvier 1515 par le connétable de Bourbon qui allait plus tard le trahir au profit de Charles Quint...

Le retentissement de la bataille de Marignan est immense dans l'opinion, en Italie et dans le reste de la chrétienté. Il conduit le pape à signer la paix dès le 13 octobre 1515 et à reconnaître en François 1er le légitime duc de Milan, de Parme et de Plaisance !

Par ailleurs, les deux signataires mettent en chantier un projet de concordat qui place le clergé français sous la tutelle du roi. Il sera conclu à Bologne le 18 août 1516.

Le 29 novembre 1516, à Fribourg, les cantons suisses et la France concluent une« paix perpétuelle ». Les Suisses se mettent même au service des rois de France jusqu'à la Révolution française.

Dix ans plus tard, la situation va complètement se renverser. Après une défaite à Pavie, les Français devront définitivement renoncer au Milanais et à l'Italie. Repliés sur leur pays, les jeunes nobles ne tarderont pas à se déchirer dans les guerres de religion.

Marignan n'aura laissé aucun profit au roi de France mais aura établi sa réputation de grand roi conquérant pour cinq bons siècles.

Source : Herodote

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