Thursday 6 October 2016

Une peu d'Histoire: Quand la Franc-maçonnerie était légitimiste et royaliste.



Auteur: Frédéric de Natal (le 19 juin 2015)

Traditionnellement, dans les milieux catholiques et monarchistes, il est coutume d’être hostile aux loges franc-maçonnes, accusées d’avoir organisé et planifié la révolution française. En effet, l’ouvrage à succès de l’abbé jésuite Augustin de Barruel (1741-1820), « Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme », affirme que cette période sanglante de notre histoire est l’œuvre unique des francs-maçons, des philosophes athées et des jacobins, qui contribuèrent au renversement de la monarchie. Une thèse qui sera largement reprise sous la IIIème république. Cependant, c’est oublier ou nier certaines réalités historiques qui attestent que les premières loges furent dévouées à la monarchie légitime.

C’est au XVIIème siècle avec la chute de la monarchie Stuart, que les premières loges maçonniques apparaissent en France. Les officiers du régiment « Royal Irlandais » se réunissent alors en secret afin de préparer la restauration de la monarchie légitime en Angleterre. Ainsi sont introduits en France grâce aux écossais, « les rites les plus anciens, inspirés des initiations de bâtisseur et de la tradition templière ». Louis XIV de Bourbon lui-même a donné sa bénédiction à la création de cette loge, La Parfaite Égalité, à Paris. Le Roi- Soleil n’a rien à craindre de cette société dont il surveille néanmoins les activités. 

C’est en 1738 que la première Grande Loge de France nait sous la direction de Louis de Pardaillan de Gondrin (1707-1743). La nomination de ce prince de sang à la tête des loges comme « Grand maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France » n’est pas anodine. Les frères, qui n’avaient pas les faveurs du Roi Louis XV, espéraient que le Roi  (malgré sa crainte des complots) en oublierait de faire enregistrer la bulle papale (« In eminenti apostolatus specula ») de Clément XII. En 1738, le Pape condamnait le goût du secret et du multiconfessionnalisme  qui régnait au sein de ces sociétés qu’il suspectait de pratiquer l’ésotérisme.

Une bulle qui sera reprise par tous ses successeurs durant deux siècles, accusant la franc-maçonnerie d’être une « œuvre de destruction du catholicisme ». Mais à regarder de plus près la haine de Clément XII envers les Francs-maçons n’était-elle pas d’abord plus personnelle que politique. En effet, sa Toscane natale cédée par les Médicis au futur mari de l’impératrice Marie-Thérèse était gouvernée par un franc-maçon. Clément XII ne le supportait pas… et en édita une bulle !

Finalement, bien qu’il voie leurs activités d’un mauvais œil, Louis XV ne donnera pas suite à cette bulle que le parlement se gardera bien d’ailleurs d’enregistrer. Parmi les francs-maçons figurent plusieurs membres de la noblesse et de l’Eglise y compris issus de la maison de France. En 1743, c’est le prince et comte de Clermont, Louis de Bourbon-Condé, petit-fils du Roi soleil qui hérite de la charge de Grand-maître de la loge. « La Franc-maçonnerie véhicule alors des règles et des principes parallèles aux règles et principes de la Monarchie absolue tout en étant influencée par les Lumières des philosophes. »

Sunday 2 October 2016

Un peu d'Histoire: Les maçonneries et leurs influences sur les projets de création des Etats nouveaux en Amérique (1815-1835)


"Ce survol rapide de quatre épisodes impliquant concrètement la maçonnerie dans le débat sur le type de société que les Américains doivent imaginer une fois obtenue l’indépendance mérite d’être approfondi, pas obligatoirement dans le but de démontrer l’existence d’une organisation internationale (l’eurocentrisme n’a rien à voir avec notre volonté historiographique) influente au moment de ce changement sociétal, mais simplement d’en comprendre tous les aspects au risque, si cette ouverture thématique ne se produit pas, de retomber dans la conception d’histoires nationales en dehors de toute influence ou appartenance extérieure. L’étude des réseaux et des circulations maçonniques s’inscrit dans une approche transnationale. Au contraire, les histoires nationales qui peuvent avoir été très utiles aux différents pouvoirs politiques au moment de l’affirmation des nouvelles nations durant la seconde partie du XIX° siècle, aujourd’hui ne peuvent constituer l’unique interprétation ou explication aux systèmes qui régissent encore au présent les pays dans lesquels nous vivons."