Auteur: Marie-Cécile Révauger
Lien vers l'article complet: http://www.persee.fr/docAsPDF/dhs_0070-6760_1987_num_19_1_1632.pdf
Extrait: "L'Orient est avant tout une convention, un espace sacré tracé par les francs-maçons, le cadre imaginaire de leurs « travaux », qui assure le dépaysement nécessaire à leur liberté de penser, lieu de sagesse, loin de toute censure politique ou religieuse. Les clivages d'ordre « profane » sont momentanément oubliés au profit d'une harmonie retrouvée ; c'est du moins ce qu'évoque l'Orient dans la symbolique maçonnique. Or l'Orient littéraire a une fonction très semblable : le cadre exotique, souvent indifférencié, orientalisé plus qu'oriental, est la toile de fond d'un fabliau ou d'une anecdote édifiante, qui se trouvent ainsi rafraîchis par l'originalité du décor, à moins qu'il ne serve à dédouaner une satire morale, sociale, voire politique, en masquant sa véritable nationalité derrière quelque paravent aux teintes chatoyantes : nous songeons au Citizen of the world de Goldsmith (1760-1762) directement inspiré des Lettres persanes (1721)."