Sunday, 7 August 2016

Compagnonnages chrétiens et compagnonnages musulmans

Extrait: "En ces temps noirs d'intolérance et d'incompréhension, il n'est pas sans intérêt de rappeler auparavant combien la civilisation occidentale est redevable à l'Islam dans le développement de ses connaissances, notamment scientifiques et technologiques. L'un des apports les moins bien connus concerne directement l'un des supports privilégiés des compagnonnages : l'architecture. C'est en effet de l'Islam que proviennent, directement et/ou indirectement, les deux composantes majeures ayant permis à l'art gothique de naître et s'épanouir : la géométrie et l'arc d'ogive

Si l'on admet que les compagnonnages (ou les pré-compagnonnages) occidentaux existaient déjà au moment des Croisades, ceux-ci ont nécessairement eu contact avec leurs homologues musulmans. L'on sait en effet que les ordres chevaleresques transportaient avec eux une main-d'œuvre qualifiée, notamment pour construire les forteresses, et qu'ils faisaient également appel à la main-d'œuvre locale. Des échanges technologiques se sont donc obligatoirement produits, et probablement se sont-ils accompagnés d'échanges spirituels et intellectuels.

Cette hypothèse est d'autant plus crédible que la naissance et le développement de la futuwwa est consécutif à la nécessité que rencontra l'Islam dans son expansion d'assurer les conditions de la poursuite de cette dernière et de sa pérennité. Les Arabes n'étaient pas des artisans mais surtout des guerriers et des commerçants (trafiquants) ; ils avaient donc besoin, au fur et à mesure de leurs conquêtes, de conserver sur place les artisans non musulmans. Car les amener à fuir loin au-devant d'eux, c'était à court terme ne même plus disposer de richesses à razzier, d'armes pour se battre, de main-d'œuvre pour construire des forteresses. Aussi se développa très tôt un statut juridique favorable aux populations conquises et notamment aux artisans, leur assurant une relative sécurité sans même l'obligation de se convertir à l'Islam – l'on a tendance à oublier la dimension pacifique de l'Islam face à la barbarie et à l'intolérance dont faisaient preuve les Croisés, notamment les Templiers ! Dans ses premiers temps, et jusqu'assez tard, la futuwwa regroupa donc aussi bien des musulmans que des chrétiens et des juifs."

Auteur: Jean-Michel Mathonière

Tuesday, 5 July 2016

Un peu d'Histoire: La chevalerie et ses marges - Enquête sur les chevaliers criminels dans les textes littéraires des XIIe et XIIIe siècles



Les chevaliers littéraires du Moyen Âge central ne sont pas tous des héros exemplaires. Certains d’entre eux contredisent par leur comportement le rôle régulateur que les écrivains des XIIe et XIIIe siècles attribuent à la chevalerie. Si les « marges » de la chevalerie romanesque du temps incluent les chevaliers couards ou incapables, elles concernent très souvent des figures criminelles destinées aussi bien à servir de « contre-exemples » à des personnages positifs qu’à légitimer l’idéologie courtoise et la vocation justicière de la chevalerie. Elles asseyent une réflexion commune à beaucoup d’auteurs sur la légitimité du recours à la force. 

Plusieurs éléments définissent un chevalier criminel et permettent de le considérer comme un représentant des marges d’un monde civilisé. Tout d’abord, ce type de personnage est constamment isolé d’un point de vue éthique ; il n’est pas entouré de pairs partageant les mêmes valeurs que lui. Il adopte ensuite en permanence des attitudes ou des comportements « délictueux » au sens où l’idéologie courtoise les condamne, alors qu’il jouit de l’ensemble de ses facultés mentales ou physiques. Plus précisément, il se livre à des actes qui transgressent avec violence les règles juridiques et morales organisant la vie sociale : il devient bandit, violeur, assassin ou défie un seigneur légitime. Brisant la paix d’un royaume ou d’une seigneurie, il provoque d’autant plus l’indignation et la colère et est considéré comme un ennemi public irréductible. 

La criminalité chevaleresque est donc un ensemble de comportements qui enfreignent en permanence l’éthique d’une violence légitime et maîtrisée : les chevaliers criminels sont d’autant plus dangereux qu’ils sont bons combattants. Incarnations de la démesure, ils réalisent la potentialité destructrice de la chevalerie, activité violente qui suppose parfois que l’on inflige la mort. Le criminel chevaleresque se définit aussi par des fonctions narratives qui le rapprochent de certains avatars monstrueux du refus d’une éthique commune ; il peut également être comparé à des figures d’une humanité archaïque. Les jeunes filles et les représentants d’une autorité positive sont les principales victimes de ces figures d’une violence inquiétante.

Auteur: Pierre Levron
Pour l'article intégral, rendez-vous sur: https://questes.revues.org/2161

Sunday, 12 June 2016

Un peu d’Histoire: 12 avril 1096, La croisade populaire de Pierre l'Ermite


Le pape Urbain II ayant appelé les chrétiens à délivrer Jérusalem, les paysans se mobilisent les premiers, par milliers, sans autres armes que leur foi.

La plupart suivent un apôtre d'Amiens charismatique et quelque peu fanatique, Pierre l'Ermite, qui dit avoir reçu du Christ mission de reconquérir les Lieux Saints lors d'un précédent pèlerinage en Terre Sainte, en 1093. D’autres pèlerins suivent un chevalier de Langres, Gautier-sans-Avoir, figure noble et désintéressée.

Échec de la croisade populaire
Tous ces pèlerins se rassemblent à Cologne et c'est de là qu'ils partent, le 12 avril 1096, sans attendre les chevaliers qui ont entrepris de se rassembler d'abord au Puy, selon les instructions du pape. 

Comme la plupart de leurs contemporains, ils n'ont guère conscience du temps historique. Ils se figurent le Christ comme à peine antérieur à eux et sont enclins à reconnaître ses meurtriers dans les juifs de rencontre.

C'est ainsi que certains égarés, sous la conduite de chefs peu recommandables, Volkmar, Gottschalk ou encore Emich, le « massacreur de juifs », se livrent à des massacres de juifs en Rhénanie, malgré la défense des évêques. Ils commettent des pillages jusqu'en Hongrie, où une partie d'entre eux sont massacrés par les seigneurs locaux. C'est le début de l'anti judaïsme en Occident après plusieurs siècles de coexistence relativement pacifique entre juifs et chrétiens.

Quant aux troupes de Pierre l'Ermite, elles arrivent plus ou moins sans encombre à Constantinople le 1er août 1096, bien avant que les guerriers aient eux-mêmes quitté leur lieu de rassemblement...

Les croisades en Terre Sainte
Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II invite les guerriers d'Occident à délivrer le Saint-Sépulcre et secourir les chrétiens d'Orient.
En deux siècles, les croisades vont mettre en branle plusieurs centaines de milliers de personnes.

Un peu d’Histoire: Saint Benoît lègue sa règle aux moines d'Occident



Le 21 mars 547 meurt saint Benoît de Nursie, un moine italien né 67 ans plus tôt dans la pire période des invasions barbares. On lui doit la redécouverte de la culture antique et la règle monastique dite « bénédictine » qui va valoriser le travail dans toutes les couches de la société.

Un moine d'exception
 Après des études de droit à Rome, Benoît se retire dans une grotte pour prier et pratiquer l'ascèse mais sa réputation de sainteté lui vaut d'être rejoint par d'autres ermites.
Benoît rassemble ses compagnons dans les ruines d'une forteresse, sur le mont Cassin, entre Naples et Rome. Puis il édicte pour eux une règle très simple, en 73 chapitres courts et un prologue.

À la différence des règles en usage dans les monastères orientaux, la sienne combine la prière, le travail et la tempérance dans un climat d'équilibre et de paix. « Ora et labora » (prier et travailler) était sa devise.

Le travail lui-même doit se partager entre les tâches intellectuelles (instruction, étude et copie des textes anciens...) et les tâches ordinaires (travaux ménagers, artisanaux ou agricoles).

Une règle à vocation universelle
La règle de saint Benoît de Nursie est reprise deux siècles plus tard, sous le règne de Charlemagne, par saint Benoît d'Aniane, fondateur de plusieurs monastères en pays franc. 

En 817, au concile d'Aix-la-Chapelle, l'empereur Louis le Pieux, fils et successeur de Charlemagne, l'impose à tous les monastères de son empire.

Cette règle dite « bénédictine » va contribuer d'une manière décisive au renouveau de la chrétienté occidentale en invitant les moines à redécouvrir l'héritage de l'Antiquité et surtout en valorisant le travail manuel.

Source : Herodote

La carte de Tarot du Chariot : positive ou négative ?


Dans le Tarot de Marseille, le Chariot est sans doute l’un des arcanes majeurs que l’on considère comme particulièrement favorable. Évoquant le  voyage, l’indépendance, la liberté, cette carte est en effet très positive. Mais, comme le Tarot de Marseille ne se limite jamais à une interprétation unique, nous allons voir que le Chariot a aussi ses secrets...


L’image du Chariot dans le Tarot de Marseille
 La septième carte du Tarot de Marseille est celle du Chariot, arcane souvent apparenté au voyage, au départ, au déplacement, au changement.

Il faut cependant émettre quelques réserves quant à cette interprétation. Le personnage central, Sa Majesté, est dans une attitude plutôt nonchalante, la main gauche sur sa hanche, la main droite tenant négligemment un sceptre qui n’a rien de royal. Il semble sûr de lui et relativement décidé. Pourtant, ce n’est pas lui qui conduit cet étonnant attelage, qui pourrait davantage s’apparenter à un manège qu'à un moyen de transport.

Coiffé d’une couronne, autre signe de sa royauté, il se laisse conduire. Tout semble « aller comme sur des roulettes  ». De plus, le personnage sur le Chariot est dans une situation élevée qui lui permet de voir de haut et donc plus loin.


L’arcane du Chariot révèle la foi en un avenir radieux
Dans sa version positive, le Chariot nous dit que nous avons une grande confiance en nous, une aisance, un optimisme qui permet toute entreprise. Il nous assure que tout ira comme nous voulons. Du moins, nous avons confiance en notre destin, et nous pouvons nous y abandonner. Nous semblons aller vers le triomphe, la réussite...


La face cachée de la carte du Chariot
Mais tout n’est jamais si simple et il y a toujours un revers à la médaille. Dans son aspect plus sombre, le Chariot nous indique une certaine facilité, une trop grande décontraction.

Avoir confiance en son destin, c’est bien, mais cela peut aussi donner aussi un sentiment de supériorité, alors que ce n’est pas le personnage principal qui conduit le Chariot, il se laisse juste porter. Si tout arrive d’emblée sur un plateau, il faut en profiter mais garder à l’esprit que ce n’est pas un dû. La facilité endort et peut rendre arrogant.

Trop de confiance en soi peut aussi mener à des situations périlleuses. En se penchant sur l’image que nous renvoie le Chariot, nous pouvons voir que les deux chevaux tirent chacun en oblique. Vont-ils « à hue et à dia  » ? Les roues du Chariot sont complètement perpendiculaires à la caisse centrale, ce qui doit poser problème pour rouler...

Cette carte de Tarot questionne le désir que chacun éprouve un jour : celui de voyager, de partir. Ce voyage n’est peut-être qu'un voyage intérieur ? C'est le moment de choisir.

La carte du Chariot  invite à faire un choix  
Cet arcane vient après celui de l’Amoureux dont la signification se rapporte au choix. Après avoir quitté le nid familial, représenté par l’Impératrice et l’Empereur (qui peuvent s’interpréter comme des figures parentales) et le Pape et la Papesse (qui peuvent s’assimiler à des éducateurs, des enseignants), chacun doit forger sa propre personnalité avec ou contre ses modèles.

Le Chariot représente un nouveau départ dans la vie. Il indique que c’est le moment d’affronter les obstacles et de triompher. Il suggère que l’on peut atteindre la grandeur quand les forces physiques et spirituelles (déterminées par les couleurs rouge et bleu des chevaux qui tirent le Chariot) sont équilibrées.

Un peu d'Histoire: Le 16 mars de l'an 597 av. J.-C., Jérusalem tombe aux mains de Nabuchodonosor.



Le puissant roi de Babylone reçoit la soumission du royaume de Juda. Celui-ci est l'ultime survivance du royaume d'Israël fondé quatre siècles plus tôt par Saül, David et Salomon, et dont la population a déjà eu à souffrir des Assyriens.

Nabuchodonosor déporte la famille royale et l'élite juive dans son pays, entre le Tigre et l'Euphrate (l'Irak actuel).

Dix ans plus tard, suite à une ultime révolte, toute la population de Jérusalem est envoyée en Mésopotamie et le prestigieux Temple de Salomon est détruit. C'est la première diaspora.

Les prophètes hébreux de l'époque, tels Jérémie et Ézéchiel, voient dans ces malheurs une punition infligée au peuple hébreu pour avoir désobéi à Dieu.

À Babylone, cependant, les Juifs vont affermir leur religion et regagner en prospérité ce qu'ils ont perdu en liberté.

Cinquante ans plus tard, lorsque Cyrus, roi de Perse, conquerra la Babylonie, une partie des Hébreux retournera en Palestine pour bâtir un deuxième Temple, tout en demeurant sous la tutelle des Perses.

Avec la chute de Jérusalem, c'en est fini de l'indépendance d'Israël pour... 2500 ans, jusqu'à la résurrection de l'État hébreu au XXe siècle de notre ère (mise à part une brève période d'indépendance sous les Maccabées ou Asmonéens).

Source : Hérodote

Friday, 10 June 2016

Franc-Maçonnerie: La colonne d’Harmonie

La musique fait partie intégrante de nos rituels, elle en garantit l’égrégore. Elle a sa place aux moments opportuns, les critères sont justement l’émotion et l’égrégore. Elle est cité à un degré, « le plus immatériel des arts ». Mais pour autant pas de magie, pas d’exclusivité. Ce n’est que de la musique.
A la question que l’on peut entendre dans les gazettes, existe-t-il une musique maçonnique? Je répondrais non évidemment. S’il en était ainsi, la musique ne serait plus universelle.
Il n’y a pas de musique maçonnique, il n’y a que de la musique écrite et jouée par des FM.

J’irai plus loin, car je suis de ceux qui pensent que la musique doit se suffire à elle-même, ce qui explique son histoire et qui montre la liberté que prend cet art, j’irai plus loin donc en avançant que s’il n’existe pas de musique Maçonnique, pas plus qu’il existe une musique sacrée, voir religieuse. En effet, seule l’émotion est sincère et véritable, ce qui est sacré, c’est l’émotion que la musique suscite. Il ne faut pas enfermer la musique dans les carcans et des systèmes comme les hommes aiment si bien enfermer ce qu’il ne comprenne pas bien, parce qu’il n’entende pas bien.

Derrière ce mode d’expression, il y a les hommes, leurs cultures, leurs idées et leur vie. Qu’enfin, il n’y a rien de magique là-dedans, qu’il s’agit de vibrations, d’effets mécaniques dont nous perçons chaque jour le mystère, comme diraient d’Ormesson et Mozart, de petits riens qui font parties d’un grand tout.