L'offensive de Jean sans Terre
Jean sans Terre parvient cependant sans peine à former une coalition contre Philippe Auguste – dont la puissance nouvelle rompt l'équilibre des forces en Occident –, rassemblant Ferdinand (Ferrand) de Portugal, comte de Flandre, Renaud de Dammartin, comte de Boulogne, et des étrangers comme le comte de Hainaut et l'empereur germanique Otton IV (excommunié depuis 1210). L'offensive débute en 1214 par le nord et par le sud. Jean sans Terre assiège La Roche-aux-Moines, près d'Angers : son armée se disperse sans combat à l'arrivée des secours commandés par Louis de France (2 juillet).
Le déroulement de la bataille
Dans le même temps, Philippe Auguste concentre ses forces à Péronne, tandis que l’empereur Otton IV place les siennes à Valenciennes. Les Français font mouvement du 23 au 26 juillet sur Tournai, pour couper l'ennemi de la mer et de ses alliés anglais ; les coalisés ripostent en se portant sur la position de Mortagne, à 20 km au sud de Tournai. Menacé d'être tourné à son tour, Philippe Auguste se replie sur Lille le dimanche 27 juillet ; une partie de l'armée (les milices des communes notamment) a déjà franchi le pont de Bouvines sur la Marque, lorsque l'on apprend que les Impériaux attaquent l'arrière-garde afin de prendre les Français de flanc. Philippe Auguste décide d'accepter la bataille sur ce plateau favorable à la cavalerie et rappelle sa tête de colonne. Ainsi se tient la bataille de Bouvines du 27 juillet 1214.
Les deux armées s'alignent d'est en ouest sur un front d'environ 2 km. Au nord, avec le soleil dans les yeux, les Impériaux : l'empereur et sa chevalerie saxonne au centre, couvert par l'infanterie des communes, à l'aile droite Renaud et Guillaume de Salisbury avec les Brabançons et les Anglais, à l'aile gauche Ferrand et le comte de Hainaut. Les Français, moins nombreux, étirent leur front ; au centre, tardivement renforcés par les milices des communes, Philippe Auguste et ses fidèles, comme Guillaume des Barres et son chapelain Guillaume le Breton (qui a laissé un vivant récit de l'action dans sa Philippide) ; à droite, le comte de Champagne et le duc de Bourgogne ; à gauche, Robert de Dreux. Avant le combat, Philippe Auguste rappelle à ses hommes qu'ils combattent un excommunié, avec le soutien de Dieu.
La mêlée, terrible choc frontal, dure de midi à la chute du jour. L'aile droite française, habilement commandée par frère Guérin, rompt les Flamands après un corps à corps de trois heures. Au centre, le roi Philippe Auguste, désarçonné, est sauvé de justesse. L’empereur Otton IV, jeté à terre et à demi étranglé par Guillaume des Barres, prend la fuite, et le reste des siens se débande. Reste la droite des coalisés, qui est écrasée à la nuit tombante dans un assaut général, et les Brabançons, massacrés jusqu'au dernier. Ferrand et Renaud restent prisonniers. Pour l'histoire militaire, on note que :
– 1 ° la manœuvre à longue distance sur les lignes de communications ennemies est de saine stratégie ;
– 2 ° sur le terrain, la contremarche et le regroupement de l'armée française sont exécutés rapidement et en bon ordre ;
– 3 ° Bouvines est avant tout une bataille de cavalerie, et l'infanterie des communes royales est loin d’avoir joué le rôle décisif que la tradition lui prête.
Source : Herodote
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